Le passage à l’âge adulte… cela arrive pour chacun à un âge différent. Dans mon cas, je m’aperçois que c’est aujourd’hui, à vingt-trois ans, que je deviens vraiment une adulte. Je me rappelle encore, il y a cinq ans, lorsque je venais d’avoir mes dix-huit ans et que j’étais déterminée à effacer toute trace d’immaturité de mes neurones. Je voulais recâbler mon caractère, reprogrammer ma psyché. J’étais bien loin de me douter de toutes les transformations que j’allais encore subir. Il faut dire que les années m’ont complètement redémarré le système, et aujourd’hui… je ne suis plus tout à fait certaine de savoir où j’en suis.
Il n’y a pas si longtemps, il me semble, je me sentais invincible, un véritable feu de joie brûlait en moi. J’étais en contrôle de chaque fragment de mon existence. Je croyais avoir une réserve de temps qui ne viendrait jamais à tarir, mais pour la première fois de ma vie, je prends brusquement conscience de ma mortalité, et du fait que tous ceux que j’aime mourront également. Cette vérité s’inscrit lentement dans ma chaire et bien que je la combatte avec toute sortes de crèmes et en tentant vainement d’éviter les miroirs, elle ne tardera pas à me rattraper un jour. Le risque de me retrouver seule et démunie rôde aux abords de ma vie et je réalise aussi que chacune de mes décisions peut m’éloigner ou me rapprocher de ce destin funeste . C’est comme frapper un mur. Je suis sonnée. Mon esprit ne cesse de fonctionner à cent à l’heure, mais il ne se dégage que peu de clarté de tous ces bourdonnements. Mon cerveau envoie des signaux de détresse dans le vide. Mon âme essaie de communiquer avec le néant, de traduire un silence qui dure depuis des temps immémoriaux, mais seul mon propre écho semble venir se répercuter en moi.
Ce silence difficile signifie que personne ne peut m’aider. Personne ne peut véritablement comprendre avec exactitude l’expérience de ma vie, car nous avons tous nos manières bien distinctes d’appréhender les choses. Je dois me battre seule, je dois choisir seule; non seulement pour mon propre bien, mais pour le bien de ceux qui ont besoin que je trouve ma voie et ma force.
Tant de choses se sont passées ces dernières années. Parfois, j’ai fait des choix conscients, et d’autres fois j’ai choisi de me laisser porter par le courant. Quoi qu’il arrive (mis à part de réels hasards fortuits), cela est le résultat d’un de mes choix et je peux chercher du réconfort dans le fait que, le choix, je l'aurai toujours. Je peux choisir de me laisser aller ou bien je peux choisir de m’adapter, de sortir, de rencontrer des gens, de vivre des nouvelles choses. Je peux transformer mon expérience à ma guise.
J’essaie depuis longtemps de ne plus être guidée par mes peurs. Ce n’est pas facile, mais aujourd’hui, à vingt-trois ans, alors que je deviens adulte, j’ai bon espoir d’arriver à dompter ce qui m’empêche de profiter pleinement de mon passage sur cette terre.