Je suis fatiguée du faux, du paraître, de l'artificiel, de ces modes de vie manufacturés. Je suis fatiguée de voir chaque chose « romancisée », transformée en quelque chose de plus beau que nature. En ce monde, rien n'est parfait. Le réel est parfois cru, difficile, souvent simple et insignifiant. Je crois que la vraie beauté réside dans ces imperfections que nous nous évertuons à poncer, lisser, cacher. Impossible toutefois de vraiment les faire disparaître. Les imperfections continuent de s'installer, puis de grandir et foisonner. Nos coeurs comme la surface de nos corps et le monde dans lequel nous vivons en sont envahis. Pareil à la mousse et aux champignons qui recouvrent les arbres, nos imperfections nous transforment en un individu unique. Ce mot a mauvaise connotation, mais en réalité, il s'agit simplement de quelque chose qui ne rentre pas dans le cadre rigide que nous impose la société. Ce n'est ni bien ni mauvais, seulement réel. Cela existe, tout simplement.
Je veux du réel. Par exemple, lorsqu'on me décrit un glacier, je ne veux pas que du « géant blanc » ou « beauté glaciale », je veux le froid, je veux le vent, je veux le danger. Je veux qu'on me parle aussi de la solitude, du désert de glace où la vie est aussi rare qu'inhospitalière. Je veux qu'on me raconte la lutte sans pitié des animaux pour la survie sans me faire croire qu'il y a là une logique ou une émotion semblable à celle des humains.
De même, j'aimerais que lorsqu'un écrivain, un artiste, ou vraiment qui que ce soit, choisit de nous montrer son quotidien, qu'il ne le fasse pas en nous mettant un filtre rose par dessus les yeux. Je veux les tourments, les nuits blanches, l'abus de café ou de thé, les doutes, les bureaux en désordre, les feuilles éparpillées, les petits appartements. Je veux l'errance et la perdition, cette douleur qui empoigne le coeur et coupe le souffle. Plus de mensonges au soleil, de vie parfaite et sans soucis, d'endroits magnifiques et exotiques, plus de « mieux que toi ». Je veux du réel.
You and me both. Those who often try to romanticize life yearn for something out of it themselves, they wish to feel raw feelings as they come and go, and often find themselves in a predicament, or unable to convey them as they wish. So in an attempt to emphasize their desire for feeling, they romanticize them and make them larger than life.