Me vient à nouveau l’envie d’écrire aujourd’hui; seuls quelques mots furtifs, quelques phrases ayant échappées au tumulte de ma vie bien remplie. Plus le temps passe et plus j’ai envie de me retirer du monde, de masquer mes traces et disparaître dans la nature. Je voudrais m’enfermer dans un abri sûr, caché quelque part dans les bois sous la voûte protectrice des arbres. J’aimerais respirer à plein poumons le parfum de la vie qui foisonne et se termine sous les feuilles mortes à mes pieds. Écouter silencieusement le chant des oiseaux, le cri des écureuils et les pas nerveux des petits animaux. Je rêve d’un ermitage partagé, loin de toutes les choses qui perturbent mon esprit fatigué.
M’isoler avec la seule personne capable de voir mon âme au travers de mes yeux semble s’imposer comme l’unique remède à la folie qui semble se répandre autour de moi. Je sens moins sa présence depuis que nous sommes déménagés, mais les machines connectées continuent de me l’exposer malgré ma réticence. Ce n’est pas facile de s’en séparer, surtout lorsque l’on doit travailler avec, mais au final, la majorité de ce qu’elles procurent demeure artificiel. Il ne naît nulle véritable dialogue d’elle et la vérité se retrouve trop souvent brouillée au milieu d’un bourdonnement incessant d’expériences et de commentaires en tout genre.
Les algorithmes propagent leur poison dans tous les recoins de la toile où je suis traquée par des milliers de parasites digitaux. Quel fléau. Quelle maladie dont j’aimerais être guérie. Ma tête libérée de toute cette fièvre, je pourrais enfin penser par moi-même sans l’influence de tout ce que j’aurais préféré ne pas voir ni entendre.